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La rédaction du Figaro demande l'arrêt des sondages Opinion Way

La rédaction du Figaro demande l'arrêt des sondages Opinion Way

La Cour des comptes a fait état de 15 sondages payés par l'Elysée et publiés par certains médias, dont «Le Figaro». La société des rédacteurs du quotidien exige de cesser leur publication. L'institut de sondages, lui, contre-attaque.

Libération.fr 17 juillet 2009

La Société des rédacteurs du Figaro a demandé, vendredi, à sa direction «de mettre immédiatement un terme» à la publication, dans le quotidien, de sondages Opinion Way, qui, pour la Cour des Comptes, «sont commandités» par la présidence de la République.

Motif de la «consternation» de la Société des rédacteurs: le paragraphe du rapport de la Cour des comptes sur le budget 2008 de l’Elysée, intitulé «Le cas particulier des études».

Les experts de la rue Cambon ont relevé que, «sur les 35 études (d’opinion, ndlr) diverses facturées en 2008, au moins 15 d’entre elles avaient fait l’objet de publications dans la presse». «Pour un nombre très limité d’entre elles, la version remise à l’Elysée contenait des thèmes ne figurant pas dans la version grand public. Pour les autres études, le document remis à la présidence était identique à celui publié par les organes de presse et conduisait donc à mettre en doute l’intérêt de telles commandes», souligne la Cour.

«Coproduction qui nuit à la crédibilité»

Elle stigmatise, en particulier, les enquêtes grand public «omnibus» réalisées par l’institut Opinion Way, dont les résultats sont publiés dans Le Figaro et par LCI. «En dépit des 392.288 euros facturés» par un cabinet de conseil «à la présidence de la République pour la participation à ces enquêtes (...) la comparaison des résultats publiés dans la presse et ceux remis à la présidence ne faisait pas apparaître de différence», souligne la Cour des comptes. D’où ses interrogations «sur l’utilité de ces dépenses».

Il apparaît, embraye la Société des rédacteurs du Figaro dans un communiqué, que «de nombreux sondages "Opinion Way" publiés, notamment, par le Figaro, sont commandités par la présidence et que certains sont expurgés avant d’être diffusés au grand public». Celle-ci demande donc à la direction de «mettre immédiatement un terme à ce type de "coproduction" qui nuit gravement à la crédibilité des titres du groupe».

«Il appartient au Figaro de choisir seul les instituts de sondage auxquels il commande des études, de déterminer avec eux les sujets de ces études et les questions posées à l’échantillon représentatif, et de publier les résultats in extenso, assortis des commentaires des journalistes rédigés en toute indépendance», conclut la Société des rédacteurs.

«Erreurs d’appréciation» selon Opinion Way

Dans un communiqué publié sur son site, Opinion Way se défend, évoquant des «erreurs d’appréciation» et se réserve le «droit d’engager des procédures à l’encontre de tous ceux qui exprimeraient des propos à caractère diffamatoire» sur l’institut.

Celui-ci distingue deux de ses prestations: la première, une enquête hebdomadaire réalisée uniquement pour les comptes de LCI et du Figaro. Et la seconde, «citée dans les conclusions de la Cour des Comptes», qui «correspond à des questions confidentielles posées régulièrement dans l’enquête omnibus». Cette étude, explique Opinion Way, rassemble «des questions achetées par des clients différents, bénéficiant ainsi d’économies d’échelle».

L’institut rappelle, enfin, qu’il travaille pour des clients positionnés tant à droite qu’à gauche, citant la Fondation TerraNova, la Fondation Jean Jaurès, le conseil régional d’Ile-de-France, la Ville de Paris, le Nouvel Observateur, le site Bakchich Info.

«Ce n’est pas Ségolène Royal qui le dit»

Peu avant, la députée (PS) Delphine Batho a, de son côté, demandé la publication de cette «liste des 15 sondages payés par la présidence de la République et publiés par certains médias». «Nous sommes ici au coeur d’un système d’instrumentalisation de l’opinion et de connivence entre le pouvoir, un institut de sondage et certains médias», dénonce la porte-parole de Ségolène Royal. Et rendre cette liste publique «permettrait, à coup sûr, de revisiter les conditions de déroulement de certains débats publics où des jeux d’influence pervers s’exercent pour manipuler l’opinion», ajoute-t-elle.

Pour Delphine Batho, «les Français doivent désormais savoir que lorsqu’ils entendent dans un média qu’un sondage a été réalisé par Opinion Way, il a peut-être été payé par Nicolas Sarkozy. Ce n’est pas Ségolène Royal qui le dit, mais Philippe Séguin», premier président de la Cour des comptes.

Dans la réponse qu’elle a apportée à la Cour, la présidence indique «que les relations contractuelles avec ce cabinet viennent d’être modifiées»: deux contrats distincts (un pour le conseil, l’autre pour les études). En outre, note la Cour, l’Elysée a décidé «que, depuis mars 2009, le périmètre d’intervention» de ce cabinet se limite «aux seules enquêtes concernant l’image du président de la République».