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Sale quart d'heure à «20 Minutes»
Conflit. Motion de défiance contre la directrice de la
rédaction du gratuit. Libération, 7 avril 2009 La communication
ne passe plus au sein du quotidien gratuit 20 Minutes et hier, un
mail a mis le feu aux poudres. Il est signé de Corinne Sorin, directrice de la
rédaction. Elle y évoque la situation plus que difficile du journal, avec un
recul de 2 millions d'euros du chiffre d'affaires fin mars, ce qui,
écrit-elle, représente quarante emplois sur les quelque 200 que compte la
société 20 Minutes France. Les salariés du quotidien gratuit y voient une
menace à peine déguisée. Une assemblée
générale est convoquée à 15 heures par la Société des journalistes.
Corinne Sorin vient s'expliquer sur ses propos. Tout ceci n'est qu'un
malentendu, selon elle, et les quarante postes ne sont qu'un ordre de grandeur
pour montrer aux salariés ce que représentent 2 millions d'euros. Simple
comparaison ou sourde menace ? Dans un groupe dont l'économie repose uniquement
sur les recettes publicitaires et qui est donc frappé de plein fouet par la
crise économique, le «quiproquo» ne passe pas. Une motion de défiance envers la
directrice de la rédaction est déposée dans l'après-midi par les journalistes,
qui devaient la voter hier soir. Selon une journaliste, Corinne Sorin
(injoignable hier), paye les pots cassés d'une «absurdité de communication»,
qui ne passe déjà plus depuis l'été dernier. En août, le personnel du site
20minutes.fr s'était mis en grève plusieurs jours durant pour protester contre
le licenciement de Johan Hufnagel, le rédacteur en chef du web. Depuis, les
relations n'ont cessé de se détériorer. «Aujourd'hui, il n'y a plus qu'une
énorme défiance», témoigne la même journaliste. Plus
globalement, c'est le modèle de la presse gratuite qui est remis en cause par
la récession publicitaire. Schibsted, la société norvégienne propriétaire de la
moitié de 20 Minutes, a présenté récemment une perte nette de
102,6 millions d'euros pour 2008 alors qu'elle était bénéficiaire en 2007.
Le directeur général, Kjell Aamot, à la tête de Schibsted depuis plus de vingt
ans, a d'ailleurs présenté sa démission en mars. Nicolas
Chapuis |